Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/27

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d’empire dans cette capitale du Midi : mais les nombreux ouvriers en soie qu’elle contient étaient tombés dans une détresse d’où devait sortir quelque effroyable catastrophe. Il n’en était pas ainsi de Marseille, où le peuple jouissait d’une prospérité que le voisinage d’Alger, fécondé par la paix, semblait sur le point d’accroître ; toutefois, la multitude y était sourdement sollicitée à l’insurrection, et par le clergé, dont les fautes n’avaient pas détruit l’ascendant, et par la noblesse qui, quoique déchue, n’avait pas encore perdu toute son influence sur les bords de la Méditerranée.

Dans un tel état de choses, l’entreprise de la duchesse de Berri était plutôt hasardeuse que folle. Lorsqu’en un pays sur lequel ont passé les révolutions, le peuple est malheureux et désabusé, la carrière est naturellement ouverte aux prétendants et là où le pouvoir ne se montre pas tutélaire, il est tout simple qu’il soit au concours.

Mais les chances du parti légitimiste eussent-elles été plus grandes, il n’aurait pu en tirer profit, parce qu’il portait la division dans son sein.

Qu’attendons-nous, disaient les chevaliers de la duchesse de Berri, qu’attendons-nous pour jeter le gant à cette révolution qui nous a frappés et qui nous insulte ? La France souffre, l’Europe, menace. Entre les passions républicaines qui grondent au pied de son trône usurpé, et les Puissances qui le veulent pour vassal ou le tiennent pour ennemi, le chef de la maison d’Orléans ne s’appuie que sur l’assentiment d’une bourgeoisie sceptique, jalouse à l’excès de sa prépondérance, bourgeoisie que ne