Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/28

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rattachent à son roi de hasard, ni le lien sacré des traditions, ni celui des dévouements héréditaires, et qui nous saluera comme ses maîtres le jour où, devenus vainqueurs, nous lui promettrons le repos, la sécurité, et des garanties contre toute secousse nouvelle. Pour livrer bataille, le moment pourrait-il être plus favorable ? Les divers partis, nés de la révolution, se mesurent des yeux et sont prêts à s’entre-dévorer ; les ambitions se précipitent ; les intérêts se heurtent l’un l’autre dans une confusion croissante ; le commerce, si prospère il y a trois ou quatre ans, n’est plus qu’une immense banqueroute ; la faim nous répond du concours des ouvriers ; l’invasion, si elle touche à nos frontières, nous donne la patrie tout à la fois à gouverner et à défendre qu’attendons-nous ?

D’autres pensaient, au contraire, dans le parti légitimiste, que se hâter, c’était tout perdre ; qu’il valait mieux laisser les embarras se multiplier autour du trône nouveau, et l’usurpation abuser de ses apparentes victoires, victoires de Pyrrhus par où elle devait inévitablement périr. Ils représentaient que les gouvernements se font à eux-mêmes leurs destinées, qu’on ne les tue pas, et que, lorsqu’ils méritent de mourir, ils se suicident ; que, pour arriver au succès, la voie des luttes parlementaires était la plus courte et la plus sûre ; qu’en tirant l’épée, on risquait de rallier, par le sentiment d’un danger commun, tous les ennemis, maintenant divisés, de l’ancienne dynastie ; que de la guerre civile naîtraient des ressentiments terribles, et qu’il était d’une politique imprudente de relever dans le