Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/293

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assemblées ; pour détruire, au profit des grandes influences locales, la centralisation politique fondée par la Convention et la centralisation administrative établie par l’Empire, aurait-il donc suffi que la mère du duc de Bordeaux se présentât tenant d’une main un drapeau blanc, et de l’autre les ordonnances préparées à Massa, ordonnances qui, ramenant la France à 1788, tendaient à supprimer dans notre histoire quarante ans de révolutions et de combats ? Et sur quelles forces se serait appuyée cette Restauration, un moment victorieuse ? Sur les intérêts matériels ? ils constituaient la puissance de la bourgeoisie par qui la légitimité s’était vue renversée. Sur les passions guerrières ? dans un pays où la République et Napoléon avaient passé, la guerre n’était plus possible qu’avec le drapeau tricolore. Les légitimistes armés n’auraient donc pu arriver, même par le succès, qu’aux satisfactions d’une revanche éphémère ils auraient préparé leur troisième défaite. Eussent-ils voulu transiger avec les passions et les idées de la révolution, on peut mettre en doute s’ils en auraient eu la faculté. Il est bien vrai que les jeunes gens du parti, n’ayant point pris part à l’émigration, étaient prêts à en secouer les préjugés ; mais ces jeunes gens, que leur âge éloignait des affaires, l’auraient-ils emporté sur les hommes murs et les vieillards ? Les souvenirs de l’émigration étaient-ils à ce point condamnés par le gros du parti, que leur influence n’eût point pesé sur les commencements d’un règne ? Dans tous les cas, les partisans de Henri V ne pouvaient réussir qu’à force de dévouement et d’enthousiasme. Or, la duchesse de