Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/300

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résumaient leurs désirs dans ces mots : la république avec un nom. Ces derniers formaient la fraction sans contredit la plus intelligente et la plus généreuse du parti ; mais compromis à tout instant par l’imprudence des hommes d’action, ils étaient en outre combattus par une aristocratie militaire, à demi ralliée au gouvernement nouveau, et qui, à l’exception de quelques généraux d’un caractère élevé, n’avait gardé du régime impérial qu’un grossier mélange de servilisme et d’orgueil.

Restaient les républicains, doués presque tous d’une résolution extraordinaire et d’une bravoure impétueuse ; mais ils manquaient de centre, de mot d’ordre, de direction. Les associations que ce parti renfermait dans son sein étaient indépendantes l’une de l’autre, et obéissaient à des impulsions, sinon contraires, au moins divergentes. La Société des Amis du Peuple avait vu naître à côté d’elle la Société des Droits de l’Homme, si fameuse depuis ; et, en dehors de cette dernière, s’agitaient la Société Gauloise et le Comité Organisateur des Municipalités. Une grande hésitation résulta de ce défaut d’ensemble. Rien, d’ailleurs, n’était préparé pour une insurrection républicaine ; et bien que la Société Gauloise annonçât, par quelques-uns de ses membres, l’intention d’engager le combat, le parti se tenait dans l’expectative. Toutefois, dans la soirée du 4 juin, quelques membres de la Société des Amis du Peuple se réunirent au boulevard Bonne-Nouvelle, pour aviser aux choses du lendemain. Là il fut décidé, après d’assez vifs débats, qu’on ne commencerait pas l’attaque, mais qu’une collision paraissant