Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/310

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été provoqués était bien éloigné du théâtre où la charge les conduisait et où ils ne rencontraient plus devant eux que des milliers de citoyens inoffensifs. Une barricade est construite à la hâte ; ceux qui n’ont pas de fusils arrachent des pieux pour se défendre un jeune homme, frère d’un savant illustre, s’est écrié, en élevant un drapeau tricolore : « Qui m’aime me suive » ; et plusieurs gardes nationaux tirent leurs sabres. Ils couraient furieux au-devant des cavaliers, lorsqu’à l’entrée du petit pont du canal, ceux-ci s’arrêtèrent, étonnés et comme interdits. L’insurrection en ce moment était flagrante. Un feu meurtrier partait de l’Arsenal, du pavillon Sully, du Grenier d’abondance. Le colonel des dragons avait eu son cheval tué sous lui, le lieutenant-colonel était blessé, une balle atteignit le capitaine Bricqueville. L’ordre de tourner bride fut alors donné aux dragons, qui se replièrent sur les rues de la Cérisaie et du Petit-Musc.

Les soldats de l’escorte ont disparu. On n’aperçoit plus dans tout ce quartier que citoyens se précipitant les uns sur les autres, saisis d’effroi ou transportés de fureur, et criant : aux armes ! aux armes ! Au-delà du pont d’Austerlitz, les jeunes gens qui accompagnent les dépouilles du général Lamarque et veulent les conduire au Panthéon, attaquent la cavalerie municipale placée aux environs du Jardin des plantes. Elle résiste avec énergie mais, poussée vivement dans la direction de la barrière d’Enfer, elle ne doit qu’à l’appui de deux escadrons de carabiniers de rester maîtresse du convoi. Déjà Paris est en feu. Les républicains se sont répandus dans