Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/311

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toutes les directions, coupant les rues de barricades, désarmant les postes, sommant les troupes qu’ils rencontrent de se réunir à eux, les attaquant si elles refusent, menaçant les poudrières et les arsenaux, arrêtant les tambours qui battent le rappel, enfonçant les caisses ; partout en petit nombre, mais se multipliant par leur audace et partout présents à la fois. Rien de comparable à la rapidité de cette invasion : trois heures après le commencement de l’attaque, la moitié de la ville était au pouvoir des insurgés.

Sur la rive gauche de la Seine, deux cents hommes avaient investi la caserne des vétérans. Leur chef, artilleur de la garde nationale, escalade la caserne ; arrivé dans la cour, où les soldats sont rangés en bataille, il s’aperçoit qu’il n’est pas suivi, redouble de hardiesse, court au commandant, et lui demande son épée. « J’ai vingt ans de service, répond l’officier : on ne m’arrachera mon épée qu’avec la vie. — Gardez votre épée. Mais entendez-vous la fusillade ? C’est à nous qu’est la force, et je commande ici. » Le jeune homme s’empare en effet du commandement, et déjà les soldats mettaient bas les armes, quand sept ou huit insurgés s’élancent dans la caserne, au milieu du plus effroyable désordre. Les vétérans se croient sur le point d’être massacrés, ils se mettent en défense, et repoussent les assaillants dont la plupart n’étaient armés que de pistolets ou de bâtons. Deux détachements de gardes municipaux accouraient de Sainte-Pélagie, par deux routes différentes, pour délivrer la caserne. Le premier essuie dans la rue d’Orléans un feu très—