Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/317

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dans ses affections politiques, incapable de constance dans ses choix ; et lui qui s’était donné successivement à Bonaparte, à la Restauration, aux d’Orléans, il avait perdu le droit de faire croire à sa fidélité envers le dernier maître. Dans la circonstance, il fut en butte à de graves soupçons. On remarqua son attitude embarrassée pendant la lutte, la mollesse de sa résistance, l’injonction adressée par lui aux chefs de corps de ne se défendre qu’à la dernière extrémité, injonction qui démentait la rudesse de son caractère. Ce fut lui qui donna le conseil d’abandonner Paris chose extraordinaire assurément ! Enfin, l’on raconte, — mais, le fait n’est nullement prouvé, — que, dans la nuit du 5 au 6, il eut, avec certains membres bien connus du parti républicain, une entrevue mystérieuse et importante. Ce qui ne saurait être contesté, c’est que, dans la soirée du 5 juin, on vit paraître au National un jeune homme, nommé Guibert[1], qui souvent s’était présenté comme le protégé du ministre de la guerre. Ce jeune homme était allé sonder les dispositions du général Subervic, et il se disait autorisé à provoquer une entrevue entre Armand Carrel et le maréchal Clauzel. Carrel le suivit en effet chez le maréchal ; mais il trouva celui-ci très-froid, très-prudent, et manifestement dominé par la crainte de se livrer. A son tour, il se tint sur la réserve, et de cet entretien il résulta pour lui, ainsi que pour le maréchal, la conviction, erronée peut-être, mais profonde, que le ministre de la guerre avait voulu pénétrer leurs secrets, afin

  1. Le même qui, depuis, fut assassiné rue Louis-le-Grand.