Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/318

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de s’associer à l’insurrection pour peu qu’elle eût des chances, ou de se ménager, dans le cas contraire, les moyens les plus sûrs de la déjouer.

Mais si l’hésitation était grande chez ceux qu’on attaquait, elle n’était pas moindre chez ceux que leur position appelait à diriger l’attaque. Deux élèves de l’École polytechnique avaient compté sur M. Mauguin : ils le surprirent troublé au plus haut point, et ne purent lui arracher que des paroles pleines de découragement. Le maréchal Clauzel ne se montrait pas plus résolu : Il répondit à un artilleur qui le pressait, au nom du parti, de tirer l’épée : « Je me joins à vous, si vous êtes assurés du concours d’un régiment. – Eh ! monsieur, répliqua brusquement l’artilleur, si, à l’heure où je vous parle, un régiment était à nos ordres, nous n’aurions pas besoin de vous. » Seul, parmi les personnages qui avaient un long passé à compromettre et une fortune considérable à risquer, seul M. de Lafayette s’offrit tout entier. De la voiture où on l’avait placé pour le conduire à IHôtel-de-Ville, tentative avortée, le noble vieillard avait entendu un de ceux qui le tramaient dire à son voisin, par manière de plaisanterie : « Si nous jetions le général dans la Seine, comment le gouvernement repousserait-il le soupçon de l’avoir sacrifié ? » Et lui, faisant allusion à ces mots cruels, il disait avec cette grâce qui jamais ne l’abandonna : « Mais ce n’était pas une si mauvaise idée ! » Puis, comme on réclamait son concours, il s’écria, malade et fatigué qu’il était : « Mes amis, trouvez un endroit où l’on puisse placer une