Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/327

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et, derrière la barricade, on comptait moins de combattants que de cadavres. Un dernier assaut termina la lutte sur ce, point. Quelques insurgés, en très-petit nombre, s’échappèrent comme par miracle : les autres se firent tuer sur la brèche.

Le poste du petit pont de l’Hôtel-Dieu avait été, dans la soirée du 5, le théâtre d’une lutte acharnée. Dix-sept insurgés, qui l’occupaient pendant la nuit, s’étant laissé surprendre par une nombreuse colonne de garde nationale, quinze de ces malheureux furent mis en pièces et jetés dans la Seine ; deux furent atteints dans les rues voisines et égorgés. Quant aux républicains réunis à la rue Ménilmontant, après avoir fait le coup de feu toute la nuit, ils durent battre en retraite aux approches du jour, à cause de leur petit nombre et parce que la position était trop faible pour qu’il fut possible de la défendre.

Le 6 juin, il n’y avait plus d’insurgés que sur la place de la Bastille, à l’entrée du faubourg Saint-Antoine, et dans les rues Saint-Martin, Saint-Méry, Aubry-le-Boucher, Planche-Mibray et des Arcis. Or, pour vaincre l’insurrection ainsi refoulée dans deux quartiers, le gouvernement s’épuisait en efforts prodigieux. Dès six heures du matin, la place Louis XV était encombrée par l’artillerie deux bataillons accouraient de Saint-Cloud pour se joindre à ceux dont la capitale était inondée enfin, un régiment d’infanterie et trois régiments de cavalerie entraient à Paris, venant de Versailles et traînant du canon.

Mais, tout cela ne suffisait pas encore pour rassurer entièrement la cour. Les Tuileries avaient à-