Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/338

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Des incidents curieux marquèrent cette entrevue. Dès les premiers mots, un bruit sinistre s’étant fait entendre : « C’est le canon, dit le roi, qu’on a fait avancer pour forcer, sans perdre trop de monde, le cloître Saint-Méry. » En prenant la parole, M. Arago s’était nettement expliqué sur sa résolution de n’accepter du gouvernement aucun emploi. M. Odilon-Barrot ayant commencé une déclaration à peu-près semblable, le roi l’interrompit et lui dit en lui frappant le genou d’un geste amical : « M. Barrot, je n’accepte pas votre renonciation. » Comme on reprochait à sa politique des ménagements singuliers à l’égard des légitimistes : « Je me suis toujours rappelé, répondit-il, le mot de Kersaint : Charles 1er eut la tête tranchée, et l’Angleterre vit son fils remonter sur le trône ; Jacques II ne fut que banni et sa race s’est éteinte sur le continent. » Mais ce qui domina dans le langage du roi, ce fut la crainte qu’on n’attribuât à Casimir Périer l’honneur du système suivi jusqu’alors. Cet honneur, il le revendiqua pour lui tout entier, avec insistance, à plusieurs reprises, et dans l’intention manifeste de faire passer son ancien ministre pour l’instrument docile d’un esprit supérieur. Il appuya beaucoup aussi sur l’inébranlable constance de sa volonté, volonté qui n’avait fléchi qu’une fois, lorsqu’il s’était agi d’abandonner les fleurs de lys, propriété de la branche cadette aussi bien que de la branche imée. Enfin, parmi les paroles échappées à une improvisation abondante, les députés remarquèrent celles-ci, un peu hasardées dans la bouche d’un roi diplomate : « Chez