Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/340

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pans entiers. On fit avancer en même temps une pièce de canon par la rue Aubry-le-Boucher, de manière à réduire la maison n° 30. Les insurgés n’en firent pas moins bonne contenance. Seulement, ils clouèrent des matelas devant les glaces, émus qu’ils étaient par le désespoir des deux femmes dont ils avait envahi la demeure. Enfin, vers quatre heures, les barricades furent attaquées de tous les côtés à la fois par des gardes nationaux et des soldats venant du haut de la rue Saint-Martin ; par un bataillon du 42e de ligne débouchant de la rue de la Verrerie ; par une colonne du 1er de ligne, lancé, sous les ordres du général Laidet, dans le prolongement de la rue des Arcis. Les républicains espéraient qu’en forçant encore une fois les assaillants à la retraite, ils auraient des morts à dépouiller de leurs cartouches ; mais les soldats arrivant de toutes parts avec beaucoup d’impétuosité et de résolution, toute résistance devenait impossible. Alors, de ceux qui combattaient dans la rue, les uns, sur les pas de Jeanne, percèrent audacieusement à la baïonnette une première ligne de soldats, et firent retraite, après avoir perdu seulement trois hommes, par la rue Maubuée ; les autres se précipitèrent, pour s’y défendre, dans la maison n° 30 dont la porte refermée sur eux était intérieurement soutenue par plusieurs piles de pavés. Or, tel était l’acharnement de quelques-uns des insurges, qu’un des panneaux inférieurs de cette porte avant été enfoncé, un jeune homme qui était tombé mourant dans la cour, se mit à ramper jusqu’à l’ouverture pour décharger sur les soldats son dernier