Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/341

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coup de pistolet. Un instant après, la maison était envahie et ne retentissait plus que de cris furieux ou de gémissements. Poursuivis de chambre en chambre, dix-sept insurgés périrent, tués à coups de baïonnette. Un de ceux qui s’étaient battus au troisième étage, où les assaillants allaient paraître, donna ordre à ses compagnons de couper l’escalier ; mais, comme il était déjà trop tard, et que les fusils résonnaient sur les marches : « Le baril de poudre ! s’écria-t-il, et faisons sauter la maison. » Le baril de poudre avait disparu. Les combattants du troisième étage parvinrent alors à grimper sur les toits et pénétrèrent par une fenêtre dans la maison n° 48 de la rue Saint-Méry. Ce fut là qu’on les découvrit, car on fouillait toutes les maisons voisines des barricades et ils eussent été infailliblement égorgés si, avec cette générosité naturelle au caractère français, le capitaine Billet, du 48e, n’eut protégé leur vie. « Faites des prisonniers, dit-il noblement à ses soldats, et non des victimes. »

Chacun croyait le combat fini, et déjà des milliers de curieux entouraient les abords de la maison n° 30, lorsque, d’une boucherie attenante et donnant sur la rue Saint-Méry, partit tout-à-coup une nouvelle décharge. Étonnés, les soldats qui se trouvent à l’entrée de la rue Saint-Méry refluent dans la rue Saint-Martin : les curieux prennent la fuite. Profitant alors du tumulte, cinq ou six insurgés s’élancent hors de la boucherie où ils s’étaient réfugiés, et se perdent dans les flots de cette foule agitée.

il ne restait plus dans la maison que deux insur-