Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/347

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nous n’avions plus de cartouches sans cela nous y serions restés ! Nous nous sommes retirés en traversant à la baïonnette la troupe de ligne. »

Vingt-un accusés avaient comparu devant les juges : seize furent déclarés non coupables et acquittés. De ce nombre était la jeune fille dont nous avons parlé. N’ayant pas entendu prononcer, à côté du sien, le nom de celui des prévenus qui allait devenir son époux, et craignant pour lui un sort funeste, elle sortit de l’audience, toute pâle, toute tremblante, et en maudissant l’indulgence qui lui rendait la liberté. Les cinq autres accusés ayant été ensuite introduits, la cour se retira pour délibérer. Jamais procès n’avait attiré une foule plus considérable, n’avait excité un intérêt plus puissant. On remarquait, surtout, la fermeté de la mère de Jeanne, qui, fière de son fils, ne cessait de l’encourager. Au moment où la cour allait rentrer en séance, on vit la sœur de M. Rossignol se précipiter tout-à-coup au banc des accusés et tomber entre les bras de son frère, en s’écriant : les lâches ! ils m’enlèvent mon frère ! Des armes ! Rendez-moi mon frère ! On l’emporta évanouie, et ce fut au milieu de l’agitation produite par cette scène que fut prononcé l’arrêt qui condamnait : Jeanne à la déportation Rossignol, à huit années de réclusion ; Goujon et Vigouroux, à six années de la même peine ; Rojon à dix ans de travaux forcés sans exposition, et Fourcade à cinq ans de prison[1].

  1. Voici les noms des vingt-deux accusés : Leclerc, Jules Jouanne, Jeanne, Rossignol, Goujon, Jean Vigouroux, Fradelle, Falcy, Rojon, Fourcade, Métiger, Bouley, Conilleau, Dumineray, Mulette, Maris,