Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/363

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ment pénible, et ce fut sous cette impression qu’ils attendirent la défense des accusés.

M. Olinde Rodrigues, on l’a vu, avait fait scission ; il n’avait pas suivi Enfantin à Ménilmontant, il n’avait pas revêtu l’habit apostolique. Sa position dans le procès était donc toute particulière. Aussi se borna-t-il à venger la mémoire de Saint-Simon, son maître, de quelques attaques imprudemment hasardées par l’avocat-général, et il le fit en termes clairs, précis, incisifs. MM. Michel Chevalier, Duveyrier, Barrault, et leurs conseils, MM. Simon, Lambert, d’Eichtal, prirent ensuite la parole :

On déniait à la société saint-simonienne le caractère religieux ? On lui reprochait d’avoir remplacé par des hommages superstitieux rendus à un homme le culte dû à la divinité ? Il y avait dans une telle accusation ou une bien grande ignorance ou une bien grande injustice. Qu’avait dit, en effet, le Père Enfantin ? Il avait dit : Dieu est tout ce qui est, donc plus de guerre entre les deux principes, l’esprit et le corps, l’intelligence et la chair ; nul de nous n’est hors de Dieu, mais nul de nous n’est Dieu, donc plus d’esclaves, plus de réprouvés, plus d’adoration servile de l’homme à l’égard de l’homme, plus d’exploitation despotique ; chacun de nous vit de la vie de Dieu et tous nous communions en lui, donc plus d’antagonisme entre l’individu et la société, entre l’intérêt et le devoir. Harmonie, égalité, fraternité, voilà les trois vastes idées sociales qu’embrassait la définition donnée par Enfantin de la divinité, et l’on accusait les saint-simoniens de n’être pas une société religieuse de n’avoir sur Dieu d’autres