Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/362

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principe de la liberté des cultes, et s’étaient rendus coupables, en se réunissant au nombre de plus de vingt personnes, d’une violation flagrante de l’article 291 du Code pénal. Passant à la prévention d’outrage à la morale publique, l’avocat-général demanda s’il n’y avait rien de contraire aux bonnes mœurs dans une doctrine qui glorifiait l’inconstance, qui tendait par la réhabilitation de la chair à élever sur les ruines de la pudeur le règne du plaisir, qui soumettait le mariage à l’exercice d’un droit qui rappelait le droit du Seigneur, qui confiait enfin au Prêtre la mission de régulariser, de développer, et les appétits intellectuels et les appétits charnels. « Mais, Messieurs, continua l’avocat- général, ces doctrines perverses n’ont point passé sans obstacle. Quand le Père Enfantin a promulgué ces doctrines, une femme s’est trouvée là, qui a senti son âme pure se révolter contre ces conceptions hideuses ; et elle, faible, timide, elle s’est levée, elle a protesté avec énergie. »

Au moment où l’avocat-général prononçait ces mots, Mme Cécile Fournel (c’était elle que le ministère public venait de désigner à son insu), Mme Cécile Fournel se lève vivement et s’écrie : « Je suis ici pour protester contre le rôle que… Taisez vous, s’écrie à son tour le président. » Et, comme Mme Fournel déclarait que, mieux éclairée, elle avait reconnu la moralité de la doctrine, « Si vous parlez encore, lui dit le président avec colère, je vous ferai mettre à la porte. » Une semblable menace publiquement adressée par un magistrat à une femme causa parmi les auditeurs un étonne-