Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/370

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raison ne manquait ni de justesse ni d’esprit ; mais l’accusé s’étudiant de nouveau à déconcerter le tribunal par la fixité de son regard, le président déclara tout-à-coup la séance suspendue, et dit à Enfantin : « Nous ne sommes pas ici pour attendre le résultat de vos contemplations. » Alors, se tournant vers les siens avec le plus inaltérable sang-froid : « Encore, dit le Père, une justification de leur incompétence ! Ils nient la puissance morale des sens, et ils ne comprennent pas que par mon seul regard j’ai pu leur faire perdre le calme qui convenait à leur rôle. » A la reprise de l’audience, Enfantin annonça que, puisque c’était un discours qu’on attendait de lui, il allait parler, et après avoir tracé un tableau énergique de tous les désordres engendrés par l’anathème que le christianisme avait lancé contre la chair : « Vous qui nous accusez, s’écria-t-il, si vous voulez vraiment nous juger, il faut que vous présentiez un remède meilleur que le nôtre. Or, je ne vois, d’une part, que les Madelonnettes, les Filles repentantes, la Salpértriere ; de l’autre, que la Force ou Sainte-Pélagie… Quant à nous, voici nos remèdes : sanctification de la beauté et réhabilitation de la chair ; direction et règle des appétits physiques ; réorganisation de la propriété : car la misère du travailleur et la richesse de l’oisif sont les causes matérielles de l’adultère et de la prostitution. Mais voyez lorsque nous venons dire que la misère héréditaire et l’oisiveté héréditaire, résultats de la constitution actuelle de la propriété, qui est fondée sur le droit de naissance, doivent cesser, on