Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/375

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La session approchait. Le ministère, composé d’hommes sans autorité et d’un talent médiocre, pourrait-il se maintenir devant la chambre et la dominer ?

La victoire du mois de juin avait, comme on l’a vu, exalté les ministres à un point extraordinaire. Ils croyaient affermi pour long-temps leur pouvoir qu’un choc aussi rude n’était point parvenu à renverser. Le roi, de son côté, désirait avec ardeur conserver dans son conseil des hommes qu’asservissait à ses volontés leur insuffisance et le caractère peu élevé de leur dévouement. Mais le langage des députés, qui commençaient à se réunir dans la capitale, fit évanouir les espérances de la Cour ; et bientôt il devint manifeste qu’un cabinet placé sous la dépendance absolue du roi trouverait dans la chambre une résistance invincible. Le vice des combinaisons sur lesquelles se fonde le régime constitutionnel apparaissait ainsi dans tout son jour, et les destins de la nation allaient flotter entre deux pouvoirs aspirant l’un et l’autre à la souveraineté, et que la seule rivalité de leurs prétentions rendait d’avance ennemis.

Les trois hommes appelés par leur talent à tenir le sceptre de la majorité parlementaire étaient alors MM. Thiers, Guizot et Dupin aîné. Parmi ces trois candidats il fallait choisir un premier ministre.

Les sympathies du roi étaient pour M. Dupin, qu’il avait engagé depuis long-temps au service de ses intérêts privés, dont il connaissait les secrètes faiblesses, et dont il n’avait pas à redouter le puritanisme. Ce fut donc à M. Dupin aîné qu’on