Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/386

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n’en était pas de même pour les gendarmes et les gardes nationaux. Les bandes ne leur faisaient pas de quartier. »

Au procès des vingt-deux Vendéens succéda celui de M. Berryer. Mais la politique qui traînait l’illustre orateur sur le banc des accusés n’avait fait, en réalité, que lui fournir l’occasion d’un éclatant triomphe. Lorsqu’il parut devant le tribunal, jurés et spectateurs se levèrent par un mouvement spontané. Plusieurs avocats étaient venus s’asseoir à côté du prévenu. Le président leur ayant fait observer que là n’était pas leur place, un d’eux, M. Vallon, répondit : « Le banc des accusés est aujourd’hui tellement honoré, que nous avions cru nous honorer nous-mêmes en y prenant place. » Quelques paroles nobles et émouvantes suffirent à M. Berryer pour repousser l’accusation, que le ministère public s’empressa d’abandonner. Il était bien étrange, en effet, qu’on eût arrêté comme instigateur de la guerre civile celui qui en avait combattu la pensée, en présence de la duchesse de Berri, avec tant d’énergie, d’entraînement et d’éloquence.

Réfugiée à Nantes dans la maison des demoiselles Duguigny, Marie-Caroline nourrissait au sein de ses douleurs et de ses périls des espérances hautaines. Du fond de son asile, protégé par la fidélité la plus vigilante et la plus discrète, elle entretenait avec quelques-uns de ses partisans une correspondance active, et se tenait prête à tirer parti des événements. Parmi les lettres qu’elle écrivit durant son séjour à Nantes, il en est une qui mérite d’être rapportée ; elle était adressée à la reine des Français.