Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/385

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agents du pouvoir ; qu’on avait fait sonner bien haut des victoires purement imaginaires et dénoncé à l’indignation publique des faits mensongèrement présentés ; que les paysans vendéens étaient en général de braves gens, animés d’un vrai patriotisme, et républicains, sinon par leurs idées politiques, du moins par leurs mœurs, leurs habitudes, leur vie intérieure ; que les prétendues distributions d’argent faites aux chouans se bornaient à des sommes de 17, de 20 sous, données aux plus pauvres ; que le seul système à employer, vis-à-vis de tels hommes et dans un tel pays, était un système de modération et d’équité. Mais à ces déclarations le témoin en ajouta d’autres où les bandes étaient formellement accusées de brigandage. « Les bandes, dit-il, ne manifestaient leur présence que par des vexations de toute espèce ; elles n’entraient chez le métayer que le fusil à la main, et ne se faisaient servir qu’à coups de crosse ; elles répandaient adroitement le bruit que la ligne était avec elles et avait ordre de ne les point arrêter. Aussi avaient-elles acquis par la terreur une telle influence, que les métayers maltraités n’osaient ouvrir la bouche, et que les pères ou les enfants des individus cruellement assassinés n’osaient donner des renseignements à la justice… En général, les bandes ne faisaient pas de mal aux soldats. Un de mes soldats, le jeune Valleret, fut pris dans une battue. — « N’es-tu pas, lui dirent les chouans, de ceux qui nous ont envoyé des balles ce matin ? — Oui, répondit Valleret, j’ai fait mon devoir. » Et ils le laissèrent aller. Il