Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/389

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crut toucher au moment où l’Europe devait s’embraser. Guillaume, avec un orgueil croissant, bravait les décisions de la Conférence, remplissait le Nord du bruit de ses préparatifs militaires, et du haut de la citadelle d’Anvers occupée par ses soldats, menaçait de réduire en cendres la seconde ville de la Belgique. Alors la présence de la duchesse de Berri en France prit un caractère de gravité vraiment formidable. Il était permis de prévoir qu’au premier coup de canon tiré sur la frontière, les royalistes du Midi et ceux de la Vendée, pour la seconde fois se lèveraient en armes qu’on aurait devant soi la guerre, derrière soi l’anarchie ; que le nom du prince d’Orange et le nom de Henri V se mêleraient dans les mêmes vœux, dans le même cri ; et que, pressée entre deux tentatives de restauration, la dynastie de Louis-Philippe serait étonnée au berceau. S’emparer de la duchesse de Berri devenait dès-lors la plus impérieuse des nécessités du moment. Mais pour conduire le gouvernement jusqu’à la mère de Henri V, il fallait trouver un traître on ne put le trouver, sur cette noble terre de France, que dans un juif, un renégat.

Admis, pour avoir renié son Dieu, dans la confiance du pape, et dans celle de la duchesse de Berri, pour avoir su masquer la noirceur de son âme, ce misérable s’était offert depuis long-temps à M. de Montalivet, lorsque le ministère du 11 octobre se forma. M. de Montalivet laissa au nouveau ministre de l’intérieur l’hypocrisie de Deutz à employer. On savait la duchesse de Berri à Nantes : Deutz se chargea de découvrir l’asile de la prin-