Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/39

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sont celles qui se composent de quelques hommes supérieurs et d’un grand nombre d’hommes sensés. Et pour ce qui est de la puissance d’une assemblée, elle résulte, non du mérite personnel de ses membres, mais de la valeur de son principe. Le principe de l’hérédité est-il fécond en résultats utiles ou funestes? C’est là tout ce qu’il importe d’examiner. Eh bien, l’hérédité a d’abord cela d’utile qu’elle assigne à un des pouvoirs de l’État un rôle nécessairement modérateur. La tentation d’usurper ne vient guère qu’à ceux qui ont beaucoup à désirer, et elle viendrait à une pairie non héréditaire, parce que celle-ci aurait précisément l’hérédité à conquérir; mais quel autre désir que celui de conserver peut avoir une pairie que l’hérédité élève au-dessus de toute ambition? On demande si, ayant la volonté de défendre les idées conservatrices, elle en aura la force ? Oui; car elle aura pour elle le prestige d’une position indépendante, l’autorité morale des traditions dont elle sera gardienne, l’esprit de corps, toujours si puissant, et surtout, l’esprit de famille. On la montre menaçante si elle se dérobe au contact de la royauté, ou asservie si les ministres peuvent, par une promotion de pairs, briser sa majorité devenue systématiquement hostile? Mais le droit des promotions n’est un danger que lorsqu’il devient un abus, et on a pour garantie contre cet abus l’intérêt bien entendu de la royauté elle-même. Que la pairie héréditaire soit maudite par l’opinion publique comme un débris des anciens privilèges, c’est possible ce que nous soutenons, c’est qu’ici l’opinion publique est victime d’un entraînement irré-