Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/38

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L’hérédité de la pairie a donc le tort, et de ne représenter dans le pays aucun intérêt, et d’y rappeler cet odieux ensemble de privilèges contre lequel on a vu en 1789 la nation se lever en masse. Dans ce moment même, n’est-ce rien que cette immense réprobation qui frappe la pairie héréditaire ? Et que veut-on de plus pour prouver qu’elle est en désaccord manifeste avec les tendances, les progrès, les mœurs de la société ? Si la pairie héréditaire avait eu ses racines dans la nation, aurait-elle si souvent donné le spectacle de son impuissance ? Qu’a-t-elle fait pour Napoléon vaincu à Waterloo ? Qu’a-t-elle fait pour Louis XVIII menacé par l’exilé de l’île d’Elbe ? Qu’a-t-elle fait le 29 juillet, pour Charles X ? Qu’a-t-elle pu pour la liberté ? Qu’a-t elle pu, le lendemain du 9 août, pour sa dignité et pour elle-même ?

Nous reconnaissons, répondaient les partisans de l’hérédité, que, comme chambre législative et judiciaire, la pairie doit renfermer dans son sein des hommes éclairés. Mais comment ne voit-on pas que destiner les plus hautes fonctions du pays à un certain nombre de grandes familles, c’est fonder une véritable école d’hommes d’État ? Fils de lord Chatham, Pitt à quinze ans suivait les séances du Parlement pour se mettre en état de remplacer son père, et, à vingt-trois ans, Pitt gouvernait son pays. Il n’est pas nécessaire, d’ailleurs, qu’une chambre des pairs se compose tout entière d’hommes éminents ; et l’avantage en est bien moindre que le danger, parce qu’alors chacun prétend à tout faire et à tout conduire. Les chambres vraiment agissantes