Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/397

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renfermés dans un mouchoir de poche, la bru de Charles X, la nièce de la reine des Français, fut conduite prisonnière vers la citadelle de Blaye, d’où l’on devait faire sortir, sous le règne d’un Bourbon, le déshonneur de la famille !

Parmi les faits qui se rapportent au drame de Nantes, il en est de fort curieux que nous avons cru néanmoins devoir omettre, parce qu’ils ont été consignés déjà dans divers ouvrages[1] ; mais il se rattache à l’arrestation de la duchesse de Berri un fait très-grave qui est resté inconnu. Il vaut la peine qu’on le raconte avec quelques développements, et nous sommes obligé à reprendre les choses d’un peu plus haut.

En 1831, la Bourse de Paris avait été le théâtre d’une lutte acharnée et mémorable. M. Ouvrard était un spéculateur puissant, que jamais ne parurent ni décourager ni troubler, même quand elles venaient de l’abattre, les tempêtes soulevées par ses combinaisons. M. Ouvrard eût volontiers bouleversé la Bourse, par une sorte d’instinct poétique, et à peu près comme les conquérants se plaisent à manier et à remanier le monde : pour le bruit, pour l’éclat, pour l’intérêt de la lutte, pour la grandeur des émotions. Pressentant bien les fortes secousses que les journées de juillet allaient donner à tous les peuples, il s’était mis, après 1830, à jouer à la baisse[2] sur les plus vastes proportions.

  1. Voir : La Vendée et Madame, par le général Dermoncourt ; les Mémoires de la duchesse de Berri, par M. Nettement ; la Biographie de la duchesse de Berri, par MM. Germain Sarrut et Saint-Edme ; Madame, Nantes, etc., par M. Guibourg.
  2. On sait que jouer à la baisse, c’est vendre des rentes quand elles