Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/398

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Ébranlé déjà par les révolutions successives qui remuaient alors de fond en comble le sol de la vieille Europe, le crédit public en France menaçait de succomber ; et la rente, continuellement offerte par Ouvrard, allait s’avilissant de plus en plus. Le 6 avril 1831, les fonds français se trouvaient avoir atteint leur minimum de baisse : le 5 p. 0/0 fut coté à 47,50 ; le 5 p. 0/0 à 76,50, et plusieurs agents de change qui avaient spéculé à la hausse disparurent. Cependant un emprunt de 120 millions venait d’être annoncé, et il devait être adjugé le 19 avril. Or, Ouvrard, qui avait été l’âme ou le con-

    coûtent cher, pour les racheter quand elles coûtent meilleur marché, de façon à gagner )e montant de la différence.

    On sait aussi qu’entre joueurs la vente et le rachat sont deux opérations qui se sous-entendent. Supposons, par exemple, que les rentes 3 p. 0/0 soient à 70, c’est-à-dire coûtent 70 fr. Le joueur à la baisse, qui espère les voir descendre à 65 ou 60, en vendra un certain nombre, sans en posséder en réatité une seule. Le moment de la liquidation venu, si la rente est en effet descendue à 65 ou à 60, il se fera tout simplement payer, par l’intermédiaire de l’agent de change, le montant de la différence 5 fr. dans le premier cas, 10 dans le second.

    Et, si au lieu d’être en baisse, la rente se trouve en hausse, ce sera au joueur à la baisse à payer la différence résultant de la hausse.

    Jouer à la hausse, c’est calculer sur des éventualités heureuses, c’est acheter de la rente. Jouer à la baisse, c’est calculer sur des éventualités fâcheuses, c’est vendre de la rente.

    Nous avons dit qu’entre le vendeur et l’acheteur, la vente et l’achat se sous-entendent, de sorte que tout se réduit à gagner ou à perdre la différence résultant de la baisse ou de la hausse. Cependant, l’acheteur a le droit, en offrant le prix des rentes au vendeur, d’exiger de celui-ci la remise des titres des rentes vendues. C’est ce qui s’appelle, en termes de Bourse, escompter. Pour comprendre quel intérêt on peut avoir à escompter, il faut ne pas perdre de vue que, quand la rente est beaucoup demandée. elle éprouve par cela seul un mouvement de hausse que lorsqu’au contraire elle est beaucoup offerte, elle éprouve un mouvement de baisse. Exiger de celui qui vous a vendu des rentes qu’il n’avait pas, la remise des titres, c’est le forcer à s’en procurer réellement, à en demander ; c’est conséquemment pousser à la hausse. L’escompte, à la Bourse, est un moyen de faire hausser la rente.