Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/400

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui avaient joué à la baisse furent, comme les agents de change associés à leurs opérations, ou forcés de s’arrêter ou poussés dans l’abîme. C’était tout simple. Les escomptes obligeaient les vendeurs de rentes fin du mois à livrer ces rentes sans délai aux acheteurs qui apportaient leurs écus pour payer. Mais les vendeurs ne pouvant remplir la condition qui leur était imposée de la sorte, que par des achats empressés, la hausse était inévitable. Tel fut l’effet de ces escomptes que, dans tout le mois d’avril, le 5 p. 0/0 se releva de 47 à 62 ou 65, et le 5 p. 0/0 de 75 à 90. Et pourtant, la menace d’une guerre européenne était encore si présente aux esprits que l’emprunt de 120 millions n’avait pas trouvé de soumissionnaire a 84 fr., minimum fixé par le ministre, et que la souscription à l’emprunt national avait produit une somme très-minime relativement aux besoins.

La défaite de M. Ouvrard était complète, mais il n’était pas homme à renoncer aux spéculations hardies. En 1832, son activité fut de nouveau sollicitée par l’entreprise de la duchesse de Berri. Une Restauration en France exigeait un grand déploiement de ressources financières. M. Ouvrard, qui était en Hollande, proposa au roi Guillaume et à Marie-Caroline, un projet d’emprunt fondé sur la combinaison que voici :

Une maison de banque anglaise, attachée à la cause des tories et rivale des Rothschild, aurait émis, au nom de Henri V, 6 millions de rentes 5 p. 0/0. Le 5 p. 0/0 étant alors à 60, l’emprunt aurait produit 120 millions. Ce capital aurait été employé à