Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/399

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ducteur de la plupart des opérations à la baisse, Ouvrard semblait dominer la Bourse. D’ailleurs, l’imminence de la guerre paralysait les efforts, et des banquiers intéressés à la hausse, et du ministre qui avait besoin de crédit, et des receveurs-généraux, dont la liquidation menaçait d’être désastreuse, pour peu que la dépréciation continuât. Il fallait donc à tout prix arrêter ce mouvement, relever les fonds, couper court aux opérations des baissiers. Les banquiers se concertèrent, le ministre des finances appela auprès de lui les receveurs généraux, et il fut arrêté qu’on aurait recours aux escomptes sur les rentes françaises. Pour réaliser les moyens de faire ces escomptes, on convint, assure-t-on, que la maison Rothschild d’une part, que les receveurs généraux d’autre part, créeraient pour vingt millions de valeurs de crédit environ ; que la Banque de France escompterait[1] ces valeurs ; qu’avec les capitaux fournis par elle, la maison Rothschild et les receveurs généraux prendraient livraison des rentes escomptées à la Bourse et les déposeraient de rechef à la Banque qui leur avancerait de nouveaux fonds pour continuer leurs opérations. Il est certain que les 9, 11 et 12 avril, on annonçait à la Bourse des escomptes considérables, des escomptes s’élevant à plus de 900,000 fr. de rentes 5 p. 0/0, et à plus de 500,000 fr. de rentes 5 p. 0/0. Ce fut un véritable coup de théâtre. Les fonds remontèrent avec une rapidité extraordinaire de 48 et 80 à 58 et 89 ; si bien que les spéculateurs

  1. Il faut avoir soin de ne pas confondre les escomptes à la Bourse avec les escomptes ordinaires, les escomptes de la Banque.