Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/402

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nature à menacer d’une réaction prochaine le repos des peuples. Et c’étaient là, pour les rentes 5 p. 0/0, acquises par Henri V, des motifs évidents de hausse. Ainsi, les rentes émises ne pouvaient baisser sans que les rentes acquises ne montassent. D’où il suit qu’en vendant celles-ci très-cher pour racheter celles-là fort bon marché, la caisse de la légitimité devait, même dans l’hypothèse la moins favorable, réaliser des bénéfices énormes. C’était faire en grand l’opération que les habitués de la Bourse font en petit, sous le nom d’arbitrage.

Un vaste plan fut construit sur ce projet financier. Le roi de Hollande n’ignorait pas de quelle importance était pour lui une diversion en Vendée, et il allait volontiers au-devant de toutes les combinaisons propres à faire retomber la Belgique sous son pouvoir. Dès le mois de juin, un agent avait été envoyé au prince d’Orange pour lui annoncer que s’il recommençait les hostilités, le roi de Sardaigne était décidé, soutenu ou non par l’Autriche, à se déclarer contre la France. Mais cette ouverture n’avait pas eu de suite à cause de la politique timide de la Prusse qui fit savoir au roi de Hollande qu’elle l’abandonnerait, s’il lui arrivait de prendre l’initiative de la guerre. Depuis, la situation de l’Europe s’était compliquée encore davantage ; de sourdes divisions s’étaient introduites au sein de la Conférence de Londres ; la Russie, la Prusse, l’Autriche, paraissaient disposées à se séparer de la politique suivie par les cabinets des Tuileries et de Saint-James. Le fil des négociations légitimistes fut renoué. La famille royale exilée de France aurait quitté