Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/409

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que était ainsi condamnée comme homicide. Sous la Restauration, les feuilles de la Cour avaient dit : « Le poignard de Louvel est une idée libérale. » Sous Louis-Philippe, il se trouva des hommes qui dirent : « La vie du roi vient d’être menacée par une idée républicaine. » Car le mensonge est l’arme éternelle des partis.

Du reste, en cette querelle, l’injustice se trouva aussi du côté des journaux de l’Opposition. A des insinuations odieuses, quelques-uns d’entre eux opposèrent des hypothèses invraisemblables, et la police fut accusée gravement d’avoir joué, pour ranimer en faveur de la monarchie l’enthousiasme éteint, la comédie d’un assassinat.

Quoi qu’il en soit, l’instruction se poursuivit avec activité. La police, qui n’avait pu arrêter personne sur le Pont-Royal, fit de nombreuses arrestations à domicile. On assure que plusieurs mandats d’arrêt avaient été préparés, dès la veille, dans la prévision des troubles qu’annonçait la fermentation des sociétés populaires.

Le 14 novembre, cinq jours avant la séance royale, deux individus faisant partie de la Société des Droits de l’Homme, les sieurs Collet et Cantineau, s’étaient présentés à la préfecture de police et y avaient révélé un prétendu complot formé entre les citoyens Bergeron, Billard et Girou. Pour se mettre à l’abri de tout soupçon et de toute vengeance, autant que pour donner à la police un gage de leur sincérité, les deux délateurs demandèrent à être mis en état d’arrestation. Billard, le seul qu’ils eussent désigné clairement, le seul dont ils eussent