Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/411

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delà du doute : pas de témoignage affirmatif, nulle reconnaissance formelle.

Bergeron, à peine âgé de vingt-un ans, était un jeune homme d’une exaltation froide, de mœurs douces, d’un caractère bienveillant, quoique ferme et résolu. Son attitude devant le juge ne fut ni arrogante ni timide. Il ne dissimula point son ardent républicanisme, avoua sa participation aux combats des 5 et 6 juin, et se déclara prêt à reprendre un fusil pour peu qu’il y eût dans une insurrection nouvelle des chances de succès. Le magistrat instructeur lui ayant demandé : « Avez-vous dit que le roi méritait d’être fusillé ? » Bergeron répondit avec calme : « Je ne me rappelle pas l’avoir dit, mais je le pense. »

Cette audacieuse franchise semblait donner plus de poids aux dénégations formelles qu’il opposait à l’accusation. Interrogé sur l’emploi de son temps dans la journée du 19, il allégua son alibi au moment de l’attentat, et de nombreux témoignages vinrent confirmer ses déclarations.

L’instruction touchait à son terme les incertitudes du parquet étaient au comble, et une ordonnance de non lieu paraissait imminente, lorsqu’un incident imprévu raviva l’accusation. Une femme, d’une moralité équivoque, signala tout-à-coup à la justice, comme pouvant donner des renseignements précieux, un camarade de collège de Bergeron, nommé Janety. Janety prétendit que, se trouvant le 19 sur le quai Voltaire avec les sieurs Planel et Benoist, il avait rencontré Bergeron et lui avait entendu dire qu’il venait de tirer sur Louis-Philippe,