Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/412

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qu’il avait déployé beaucoup de sang-froid et s’était soustrait à une arrestation par sa présence d’esprit. Mais Planel, Benoist et plusieurs autres personnes démentirent les principales circonstances du récit de Janety. Quelques-uns de ses parents, son frère lui-même, affirmèrent qu’il était naturellement porté à l’exagération et au mensonge. Bergeron et Benoist furent néanmoins renvoyés devant la cour d’assises, le premier comme auteur, le second comme complice de l’attentat du Pont-Royal.

Plus tard, les débats s’étant ouverts, sous la présidence de M. Duboys (d’Angers), dont les journaux remarquèrent la partialité, involontaire sans doute, cent trente témoins furent entendus. Parmi eux figurait Mlle Boury, qui, après avoir été l’héroïne du drame, était descendue au rôle de simple comparse. Tant qu’on avait espéré obtenir d’elle des aveux accusateurs, on l’avait environnée d’hommages, accablée d’éloges : le jour où son témoignage consciencieux, invariable, désintéressé, put être invoqué en faveur des prévenus, on oublia l’immense service qu’elle avait très-vraisemblablement rendu au roi, pour ne songer qu’à sa franchise importune. Les témoins, jaloux de ressaisir l’importance dont elle les avait frustrés, s’accordèrent, sur les interpellations encourageantes du procureur-général et du président, à lui contester la part de gloire qu’elle s’attribuait. Il y en eut qui allèrent jusqu’à nier sa présence sur le lieu de l’attentat. Bergeron déjoua cette manœuvre en faisant observer que, la première, Mlle Boury avait donné le signalement du