Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/415

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vicieux. Aussi bien, je pourrais, cette fois encore, demander où donc est cette organisation que nous voulons détruire : religion, science, travail, qu’y a-t-il de constitué dans la société actuelle ?

La religion ? interrogez un prêtre, M. de Lamennais. La science ? interrogez Raspail. Quelle organisation scientifique y a-t-il dans un pays où manque l’enseignement populaire ?

Quant au travail, demandez à tous ceux qui le pratiquent s’il est organisé. Souvenez-vous de Lyon ; examinez tout ce qui se dit, tout ce qui se fait, parce que les lois organiques du travail font défaut. Étrange calomnie ! nous sommes des désorganisateurs dans une société où l’organisation manque, et où nous voulons qu’elle se fonde enfin !

Est-ce en religion ? Nous sommes pour la liberté absolue de conscience. Nous ne voulons pas de prêtres qui, sous quelque nom que ce soit, gouvernent les affaires du monde. Nous n’adoptons pas non plus une foi qui met tout au ciel, qui réduit l’égalité à l’égalité devant Dieu, à cette égalité posthume que le paganisme proclamait, aussi bien que le catholicisme.

La religion, comme nous l’entendons, nous, ce sont les droits sacrés de l’humanité. Il ne s’agit plus de présenter au crime un épouvantail après la mort, au malheureux une consolation de l’autre côté du tombeau, il faut fonder en ce monde la morale et le bien-être, c’est-à-dire l’égalité ; il faut que le titre d’homme vaille, à tous ceux qui le portent, un même respect religieux