Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/414

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dont le jury a prononcé aujourd’hui l’acquittement. »

Ce qu’Armand Carrel disait ici à propos du ppocès intenté à Bergeron était également applicable à un procès antérieur, qui n’avait eu ni moins de retentissement ni moins d’importance. Vers la fin de l’année, plusieurs membres de la Société des Amis du Peuple, MM. Rittiez, Caunes, Achille Roche, Berrier-Fontaine, Godefroi Cavaignac, Gabour, Desjardins, Félix Avril, Bonnias, Carré, Despréaux, Plagniol, Plocque, Trélat, Raspail, avaient été appelés à comparaître devant la cour d’assises de la Seine pour avoir pris part, un an auparavant, à des réunions composées de plus de vingt personnes. L’accusation s’appuyait sur l’article 291, et on allait décider si, dans un pays prétendu libre, le droit d’association serait maintenu ou aboli.

Après une brillante improvisation de M. Rittiez, M. Godefroi Cavaignac prit la parole. Il commença d’abord par défendre, avec une simple et forte éloquence, le droit d’association. Puis, s’adressant à ceux qui affectaient de ne voir dans la république qu’une pensée de désorganisation et d’anarchie, il s’écria :

« Nous sommes, dites-vous, les ennemis de la société comme du gouvernement… Mais j’ai déjà répondu. Ce que nous haïssons dans la société, ce sont ses vices ; nous sommes les véritables amis de l’ordre social, car nous voulons qu’il soit corrigé, et nous croyons qu’il est susceptible de l’être. Vous, qui dites qu’il est bon, vous le flattez ; vous le calomniez, vous qui dites qu’il restera toujours