Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/443

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8 du même mois, le général Goblet réclama l’exécution, par la voie des armes, du traité des 24 articles.

Ce fut sur ces entrefaites que s’installa, ainsi que nous l’avons raconté, le ministère du 11 octobre. Nous avons dit que ce ministère avait voulu inaugurer son avènement par deux grands résultats : l’arrestation de la duchesse de Berri, et la prise de la citadelle d’Anvers qu’occupaient les troupes du roi Guillaume.

Le traité des 24 articles ayant été spécialement dirigé contre la France, ce n’était certes pas à nous qu’il convenait de l’aller imposer au roi de Hollande, l’épée à la main. Demander à la France de soutenir au prix de son or, au prix du sang de ses enfants, l’ensemble des mesures décrétées contre elle-même, c’était préparer à l’Europe le plus triste spectacle qui lui eût jamais été donné. Mais, pour nos ministres, l’essentiel était d’éblouir les esprits, de donner à un pouvoir naissant l’éclat d’un grande entreprise. Au fond, le véritable sens du traité des 24 articles n’était connu en France de presque personne. Le ministère avait donc lieu d’espérer qu’une expédition en Belgique satisferait l’humeur belliqueuse de la nation française ; qu’on ne verrait dans cette expédition qu’un appui prêté au principe révolutionnaire, qu’une preuve de fermeté et de décision de la part du pouvoir. Et c’était là un calcul d’une justesse incontestable. Car, comme la marche des cabinets était enveloppée de mystère et que les actes de la Conférence étaient pour la masse du peuple une lettre morte,