Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/444

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l’opinion en France s’échauffait au hasard, et les, attaques de l’Opposition portaient à faux.

D’autre part, on doit reconnaître qu’il n’était pas sans intérêt pour la France de prouver que la paix n’avait point énervé son courage ; qu’elle était en état de faire revivre, dans un moment donné, des souvenirs héroïques ; qu’en un mot elle n’avait pas cessé d’être un peuple de guerriers. Ainsi, quoique honteuse et insensée au point de vue diplomatique, l’expédition projetée présentait, au point de vue militaire, un assez notable avantage.

Cet avantage parut tel aux ministres du 11 octobre qu’ils doutèrent un moment de l’adhésion des Anglais. M. de Talleyrand était revenu de Londres : on lui demanda si une expédition contre la citadelle d’Anvers obtiendrait l’assentiment du cabinet de Saint-James, dans le cas où la France s’engagerait à ne pas prolonger au-delà du temps nécessaire l’occupation du territoire belge par l’armée française. M. de Talleyrand fit cette réponse singulière et peu convenable : « Si la convention était signée Louis-Philippe, les Anglais n’y adhéreraient pas : ils le feront, si elle est signée de Broglie. »

Les ministres ne crurent pas devoir attendre l’autorisation diplomatique du cabinet de Saint-James, et il fut décidé que l’expédition aurait lieu avec ou sans l’autorisation des Anglais. Mais, à cette nouvelle, le roi ne put dissimuler son mécontentement. Blesser l’Angleterre, il ne pouvait s’y résoudre, faisant consister toute sa politique dans l’art des ménagements et des concessions. Il essaya en