Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/45

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle domine dans la chambre des communes par la vénalité qu’elle a eu soin d’introduire dans les mœurs, et qui fait des suffrages populaires autant de mensonges à son usage. De sorte qu’en Angleterre, la chambre des communes, celle des lords, et la royauté, ne sont en réalité que des manifestations diverses d’un même principe : trois fonctions et non pas trois pouvoirs. Oui, l’unité dans le pouvoir ! Tout est là, s’il est organisé conformément aux notions de la prudence et de la justice, tout : le mouvement, l’ordre, la durée. Établir un pouvoir multiple, c’est organiser l’anarchie, c’est réglementer le chaos. »

Voilà ce qui aurait dû être dit. La discussion était donc bien incomplète ; mais en lui donnant toute l’importance qu’elle méritait, peut-être avait-on craint de fournir à l’esprit d’examen des armes trop redoutables. Et, par exemple, ceux qui demandaient avec tant d’ardeur l’abolition de l’hérédité dans l’ordre politique avaient-ils compris qu’au nom des mêmes principes, on leur demanderait un jour l’abolition de l’hérédité dans l’ordre social ? Car quel argument employer contre la transmission des fonctions publiques, qui ne soit applicable à celle de la richesse, dans un pays où la richesse donne exclusivement droit aux plus hautes fonctions, et où l’on n’est député que lorsqu’on est riche ?

De toutes ces conséquences hardies, aucune ne fut sérieusement pesée par des législateurs qui étaient, avant tout, des hommes de parti. La chambre des députés vota donc, à la majorité de 586 voix contre