Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/44

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vices d’une civilisation encore imparfaite. L’existence simultanée, au sein des nations, de deux intérêts en lutte, c’est un fait, mais c’est un mal : observez-le, mais que ce ne soit pas pour le régulariser, que ce soit pour le détruire. Quant aux avantages propres à chaque forme de gouvernement, ces avantages sont de telle nature que les mettre en présence, en leur conservant leur caractère, c’est les neutraliser l’un par l’autre, et traverser le désordre pour arriver à l’impuissance. Les monarchies ne se distinguent par l’énergie féconde de la volonté que là où cette volonté n’est pas à chaque instant discutée, combattue, paralysée. La grandeur des passions, dans les démocraties, dégénère bien vite en violences, quand on leur oppose des obstacles permanents et des entêtements systématiques. Et que devient cet esprit de suite inhérent aux aristocraties, lorsqu’à côté du culte des traditions les institutions en consacrent le mépris ? Vôtre régime constitutionnel se contente de rapprocher des éléments qu’il importerait de fondre. De même qu’il ne doit y avoir dans la société qu’un intérêt, il ne doit y avoir dans le pouvoir qu’un principe ; et pour amener le premier de ces deux résultats, il faut commencer par consacrer le second. Si l’Angleterre a tenu l’univers en haleine et a pu le conquérir par ses marchands, d’une manière plus complète encore, plus insolente et plus durable, que Rome ne l’avait fait par ses soldats, cela vient de ce qu’il n’y a de vivant en Angleterre qu’un principe : le principe aristocratique. Car l’aristocratie, dans cette île, possède le sol, commandite l’industrie, dirige la couronne,