Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/452

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laisser paisiblement couper les digues, on assurerait à l’ennemi qu’on allait combattre des avantages qu’on pouvait, en laissant agir les Belges, lui ravir si facilement. Que ferait-on, d’ailleurs, si, comme on devait le prévoir, la Belgique se révoltait contre le rôle dont on prétendait lui imposer l’opprobre ? En vertu de quel droit lui défendre de revendiquer elle-même son bien, de reprendre à ses risques et périls son territoire usurpé ? Et dans le cas où elle refuserait de se soumettre à des conditions vraiment dégradantes, emploierait-on les armes pour la réduire ? Les Français, accueillis par elle comme des alliés, se changeraient donc pour elle en ennemis, en oppresseurs ! Et que serait-ce si, la flotte et la flottille hollandaises venant à engager leurs feux avec ceux de la place d’Anvers, le général Chassé, commandant la citadelle, se mettait à bombarder la ville ? Par quel insolent et criminel abus de la force empêcherait-on les Belges attaqués de se défendre ? Irait-on jusqu’à dire à des hommes tenant à la main une épée : « On ravage vos cités, on jette l’épouvante parmi vos mères et vos femmes, on envoie la mort dans vos maisons croûlantes… n’importe ! Tout ceci ne regarde que nous ! »

Voilà pourtant à quelles conséquences odieuses et ridicules pouvait conduire le parti pris d’exclure les Belges de toutes nos opérations militaires. Mais ainsi l’ordonnait la diplomatie, et le cabinet des Tuileries ne voulait à aucun prix la braver ou lui déplaire.

Quoi qu’il en soit, la nouvelle de ce qui se préparait s’étant répandue en Belgique, le gouverne-