Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/455

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vers faisant face à la citadelle, devaient être entièrement relevés par nos troupes. Cependant le maréchal Gérard apprit, au moment de partir pour Malines, qu’il était question de ne pas exécuter l’article 2. Il se rendit aussitôt chez le roi Léopold, lui représenta combien les difficultés soulevées étaient fâcheuses dans la circonstance, lui promit de ménager les susceptibilités légitimes de l’armée belge, et obtint enfin, après une longue insistance, que le chef d’état-major de l’armée belge, le général Desprez, prendrait, le lendemain même la route d’Anvers pour y arrêter les formes du remplacement. Mais la journée ne s’était pas écoulée, que déjà Léopold était revenu sur sa détermination. Ses ministres s’opposaient de la manière la plus absolue à l’entrée de l’armée française dans la ville d’Anvers, et enraient leur démission, dans le cas où leurs répugnances ne seraient pas respectées. L’article 1er  de la convention interdisait à l’armée française l’occupation de toute place forte en Belgique, et, bien que les articles 2 et 3 fussent conçus en termes fort clairs, les ministres de Léopold se prévalaient de l’article 1er , interprété sans bonne foi, pour éluder l’ensemble des mesures convenues. Menacés dans la chambre des représentants par un parti redoutable, peut-être ne cherchaient-ils qu’un motif populaire pour colorer leur chute. Mais, dans la crise où se trouvait la Belgique, renouveler le cabinet n’était pas chose facile ; et pressé par le maréchal Gérard d’un côté, par ses ministres de l’autre, Léopold était en proie à la plus vive anxiété.