Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/48

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chancelants, éperdus, les ministres résolurent de prévenir à tout prix l’orage qu’ils pressentaient, et, le 19 novembre, parut une ordonnance royale portant création de trente-six pairs.

Le but de cette mesure était manifeste ; les ministres voulaient acquérir dans la chambre des pairs une majorité favorable à l’abolition de l’hérédité. Cependant, la nouvelle de l’ordonnance souleva les esprits d’une manière terrible. Les adversaires de l’hérédité, loin de se réjouir d’un coup d’état qui leur assurait la victoire, se répandirent en imprécations contre le ministère. Il y eut chez le restaurateur Jointier, des réunions menaçantes de députés appartenant à l’Opposition, et ils rédigèrent une protestation que M. Dupont (de l’Eure) fut chargé de déposer sur le bureau de la chambre. La polémique, dans les journaux, devint aigre et passionnée. Les ennemis du gouvernement prétendaient qu’en soumettant à une révision l’article 23 de la Charte, la chambre de 1830 avait suspendu le droit de promotion que cet article contenait que l’ordonnance du 20 novembre n’était conséquemment qu’un coup d’état dans tout ce que l’acception du mot présente de plus tyrannique et de plus insolent ; qu’on insultait à la nation, en rendant juges de ses répugnances ceux qui en étaient l’objet ; qu’au lieu de se jeter en-dehors de la légalité pour prévenir des résistances trop faciles à prévoir, le ministère aurait mieux fait de ne les point enhardir, ces résistances si funestes, en plaidant la cause de l’aristocratie au moment même où il la sacrifiait sans courage, en vantant l’hérédité au moment même où il propo-