Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/485

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autres gouvernements d’Italie ; ces derniers, en effet, aux institutions desquels le principe de l’élection populaire est étranger, voient dans de pareilles concessions un danger imminent pour la sûreté de leurs États. De plus, il a lui-même acquis par les faits les plus positifs communiqués au gouvernement anglais, la conviction profonde que les concessions demandées par les mécontents, n’étaient, même à leurs yeux, que des armes avec lesquelles ils se proposaient d’attaquer et de détruire le gouvernement lui-même, en excitant sans cesse des troubles dans les États de l’Église.

L’ensemble des lois et des institutions données par le saint père a reçu long-temps les suffrages solennels et non équivoques des ambassadeurs des grandes Puissances résidant à Rome, par les notes qu’ils ont adressées au cardinal secrétaire d’État, le 12 janvier dernier, au moment où les mesures prises par S. S. pour rappeler à l’obéissance les provinces réfractaires leur ont été annoncées. Les actes officiels en réponse à la note circulaire du 11 janvier ont ainsi obtenu un caractère synallagmatique. Nous n’opposerons pas à la validité de pareils documents celle de l’avis officiel que les mêmes personnages diplomatiques ont adressé à la cour de Rome dans le mémorandum du 21 mai précédent.

Les événements qui ont suivi sont bien connus. Depuis que les troupes impériales sont rentrées dans les légations, et l’occupation d’Ancône, de vive force, par les Français, le cabinet autrichien a apprécié la valeur de l’opinion exprimée par le gouvernement pontifical, que chaque concession nouvelle, faite soit aux demandes de ses sujets mécontents, soit à la requête d’une nation étrangère, par voie diplomatique, serait une dérogation à l’indépendance du souverain, de qui, en apparence, on parviendrait à l’arracher par la force des armes, et que, dans ce fait de concessions obtenues par l’intervention armée des étrangers, les factieux trouveraient un précédent pour se faire accorder encore plus, au moyen d’un appel à ces mêmes étrangers.

Cette manière de voir les choses a été franchement communiquée au gouvernement français et celui de la Grande-Bretagne ; on leur a présenté les concessions dont il s’agit comme dangereuses pour le reste de l’Italie et comme une source intarissable de troubles permanents dans l’État où elles seraient admises. Pénétré de cette conviction, l’empereur ne pouvait en conscience tenir un autre langage au saint père.

Mais en même temps, S. M. I. n’a pas cessé d’inviter le souverain pontife de la manière la plus pressante, non-seulement à maintenir dans une complète exécution les dispositions législatives déjà publiées, mais encore à donner à ces dispositions un caractère de stabilité qui les mettrait à l’abri du risque de changements futurs, sans empêcher d’utiles perfectionnements. Les preuves de la sollicitude du cabinet autrichien sur ce point ont été placées sous les yeux du cabinet britannique mais l’intérêt que l’Autriche éprouve de voir mettre un terme aux sujets de dissensions dans ces États, ne s’est pas borné là. Les recommandations les plus sérieuses, pour l’établissement du meilleur, ordre de choses possibles, n’ont point été épargnées au gouvernement romain. Des fonc-