Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/489

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législative, méprisant ainsi l’initiative des chambres, violant les règles de compétence constitutionnelle, et même les formes matérielles établies pour le refus de la sanction. Nous avons dû protester.

Deux systèmes étaient présentés pour l’organisation de l’armée : l’un, qui demandait une puissante réserve composée de la garde nationale et des soldats libérés du service aurait permis de diminuer la force et les dépenses de l’armée permanente ; l’autre, au contraire laissait la garde nationale mobile sans organisation ; il exigeait inutilement la présence sous le drapeau d’un plus grand nombre de soldats.

Le premier système plus économique, plus favorable à la fusion de la garde nationale et de l’armée, était le nôtre. Le second a obtenu la majorité.

Le budget semblait devoir réunir toutes les opinions dans des vues d’économie et de soulagement des contribuables.

Les continuateurs de la Restauration ont trouvé toutes les dépenses légitimes, tous les impôts bien assis ; et, comme si ce n’eût pas été assez de la loi douloureuse de la nécessité, ils se sont chargés, dans leurs insultantes théories, de faire considérer comme un bienfait l’exagération de l’impôt. Nous aurions voulu que la révolution apportât sa dot au peuple. Loin de nous la pensée de compromettre des ressources que la défense du territoire peut rendre nécessaires, mais une administration plus économique et plus simple, une meilleure assiette de certains impôts, un mode de recouvrement moins tracassier, diminueraient le fardeau des charges publiques : elles en deviendraient plus équitables et moins pesantes pour les classes laborieuses.

Les questions d’administration intérieure nous ont aussi trouvés divisés. Autant, et plus que nos adversaires, nous voulions, nous demandions la répression de toutes les atteintes à l’ordre public. Convaincus que la sécurité est le premier besoin d’un peuple dont l’existence est dans le travail, nous pensions qu’un gouvernement populaire aurait eu plus de force pour prévenir les troubles, et plus de modération pour les réprimer. Le gouvernement, qui s’est proclamé si fort, n’a réussi, par ses violences, selon son propre aveu, qu’à organiser la résistance sur tous les points du territoire, et à jeter dans les populations les plus dévouées des ferments d’irritation et de désordre.

Quant au personnel de l’administration, après la chute d’un gouvernement auquel il se rattachait naturellement un certain nombre d’existences, il était facile de reconnaître où se trouveraient les ennemis d’un nouvel ordre de choses. Le gouvernement, abusé par de funestes doctrines et par d’injustes préventions, n’a vu d’ennemis que dans ceux qui avaient combattu pour le fonder.

Un membre de l’Opposition a voulu que la France sût enfin si son gouvernement craindrait de se compromettre sans retour avec elle dans la révolution de juillet. La proposition Bricqueville, après avoir échoué une première fois, a été reproduite dans la dernière session. Elle était comme le pressentiment d’une tentative récente, dès-lors méditée, et dont le pouvoir, si l’on en croit son organe officiel, possédait déjà le secret. On a vu cependant le parti ministériel réunir tous ses efforts pour