Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/490

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dénaturer cette proposition, et même, après le vote des chambres, un mauvais vouloir en a retardé la sanction, comme si cet inexplicable délai devait être une protestation tacite, et un motif d’absolution. Ce système de ménagement compromet la paix intérieure de la France, et porte les hommes timides à douter d’un gouvernement qui paraît douter de lui-même.

La dernière session semblait plus particulièrement consacrée à la réalisation des promesses de la Charte. Les chambres devaient constituer le pouvoir municipal dans toutes ses branches, organiser la responsabilité des ministres, celle de tous les agents du pouvoir, l’instruction primaire et la liberté de l’enseignement. Nous avons pressé l’accomplissement de ces promesses. Nous demandions un système municipal qui décentralisât les petites affaires, simplifiât les grandes, étendit partout les éléments de la vie politique, et associât au moins au droit de cité le plus grand nombre possible de citoyens. Une large organisation du département et de la commune serait en effet le plus puissant moyen de force, d’ordre public et de prospérité matérielle. Des projets de loi avaient été arrachés, pour ainsi dire, au ministère par les exigences de l’opinion : ils ont été neutralisés dans la chambre par une secrète influencé, et détruits enfin par des ajournements indéfinis. Tels étaient nos vœux sur la politique intérieure : ils ont été impuissants.

Dans les relations de la France avec l’étranger, notre bannière a encore été celle de 1789 point de guerre d’ambition ni de conquête, mais indépendance absolue à l’intérieur de toute influence étrangère. C’est la rougeur sur le front que nous avons plusieurs fois, dans le cours de la session, entendu les agents du gouvernement parler de la crainte de déplaire aux cabinets étrangers nous croyions que la France était à jamais affranchie de cette humiliante influence : nous ne désavouons pas nos vives sympathies pour le bonheur et la liberté des autres peuples, mais nous n’avons jamais eu la prétention de les soumettre à nos institutions.

Après le renversement d’une dynastie imposée par la sainte-alliance, le gouvernement devait surveiller avec inquiétude les mouvements des monarques étrangers. Il ne devait pas leur permettre surtout d’étendre et d’augmenter leur puissance.

Il l’avait reconnu lui-même, quand il avait annoncé à la France l’intention de secourir l’Italie contre l’Autriche et de protéger contre la Russie la nationalité polonaise. Et cependant, malgré ses promesses formelles, malgré les intérêts anciens et nouveaux de la France, il a abandonné l’Italie à la domination de l’Autriche, et il a laissé périr la Pologne, cette Pologne que nous pouvions secourir, quoi qu’on en ait dit à la tribune, et que notre devoir était de sauver.

Que l’on ne croie pas qu’un langage mesuré et ferme eût amené la guerre : nous croyons au contraire que c’était le seul et le plus sûr moyen de conserver la paix.

En résumé, la paix avec l’indépendance et la dignité de la France, l’ordre par la liberté, une fidélité inaltérable à la pensée de la révolution de juillet, pensée de nationalité, de justice, d’ordre, de gloire et de modération, de liberté et de civilisation générale, pensée glorieuse et pure que nous aimons à reproduire, que tous nos votes ont fidèlement