Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/500

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l’organisation intérieure des peuples. Pour juger de l’application que les cinq Cours ont fait de ce même principe, pour apprécier les déterminations qu’elles ont prises relativement à la Belgique, il suffit de se reporter à l’époque de l’année 1814.

À cette époque les provinces belges étaient occupées militairement par l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie, et les droits que ces puissances exerçaient sur elles furent complétés par la renonciation de la France à la possession de ces mêmes provinces. Mais la renonciation de la France n’eut pas lieu au profit des puissances occupantes. Elle tint à une pensée d’un ordre plus élevé. Les puissances et la France elle-même, également désintéressées alors, comme aujourd’hui, dans leurs vues sur la Belgique, en gardèrent la disposition et non la souveraineté dans la seule intention de faire concourir les provinces belges à l’établissement d’un juste équilibre en Europe, et au maintien de la paix générale. Ce fut cette intention qui présida à leurs stipulations ultérieures ce fut elle qui unit la Belgique à la Hollande ; ce fut elle qui porta les puissances à assurer dès-lors aux Belges le double bienfait d’institutions libres et d’un commerce fécond pour eux en richesse et en développement d’industrie.

L’union de la Belgique avec la Hollande se brisa. Des communications officielles ne tardèrent pas à convaincre les cinq Cours que les moyens primitivement destinés à la maintenir ne pourraient plus ni la rétablir pour le moment, ni la conserver par la suite, et que désormais, au lieu de confondre les affections et le bonheur des deux peuples, elle ne mettrait en présence que des passions et des haines elle ne ferait jaillir de leur choc que la guerre avec tous ses désastres. Il n’appartenait pas aux puissances de juger des causes qui venaient de rompre les liens qu’elles avaient formés. Mais quand elles voyaient ces liens rompus, il leur appartenait d’atteindre encore l’objet qu’elles s’étaient proposé en les formant ; il leur appartenait d’assurer, à la faveur de combinaisons nouvelles, cette tranquillité de l’Europe, dont l’union de la Belgique avec la Hollande avait constitué une des bases. Les puissances y étaient impérieusement appelées. Elles avaient le droit, et les événements leur imposaient le devoir d’empêcher que les provinces belges devenues indépendantes, ne portassent atteinte à la sécurité générale et à l’équilibre européen.

Un tel devoir rendait inutile tout concours étranger. Pour agir ensemble, les puissances n’avaient qu’a consulter leurs traités, qu’à mesurer l’étendue des dangers que leur inaction ou leur désaccord aurait fait naître. Les démarches des cinq Cours à l’effet d’amener la cessation de la lutte entre la Hollande et la Belgique et leur ferme résolution de mettre fin à toute mesure qui, de part ou d’autre, aurait eu un caractère hostile, furent les premières conséquences de l’identité de leurs opinions sur la valeur et les principes des transactions solennelles qui les lient.

L’effusion du sang s’arrêta : la Hollande, la Belgique, et même les États voisins, leur sont également redevables de ce bienfait.

La seconde application des mêmes principes eut lieu dans le protocole du 20 décembre 1830.

À l’exposé des motifs qui déterminaient les cinq Cours, cet acte asso-