Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/51

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de la branche aînée des Bourbons fut déclaré banni à perpétuité du territoire français ; que cette loi eût pour sanction la peine de mort ; et que la vente des biens appartenant à la famille proscrite fut rendue obligatoire dans un laps de temps déterminé.

On doit cette justice à la bourgeoisie que la proposition du colonel Bricqueville ne rencontra point parmi elle un assentiment unanime. Plusieurs comprirent que, quoique proposée par un homme loyal, une pareille loi était impie, parce qu’elle usurpait sur Dieu le lendemain ; qu’elle était inique, parce qu’elle frappait toute une race pour le crime d’un seul ; qu’elle était anti-sociale, parce qu’elle enchaînait à des ressentiments qui peuvent passer, le peuple qui dure ; qu’elle était inutile, parce que le délit de conspiration avait été prévu et qu’il y avait bien assez de sang dans nos codes ; qu’elle était impolitique, parce que la concurrence entre rois garde un châtiment assuré à la tyrannie et protège la liberté ; qu’enfin elle allait contre son but, parce que le danger enflamme l’ambition, ennoblit jusqu’aux désirs illégitimes, et fait, chez un peuple généreux, du titre de proscrit un passeport de prétendant.

Convenait-il, d’ailleurs, de déployer tant d’acharnement contre une dynastie vaincue, dans un pays qu’on voulait façonner au joug d’une dynastie nouvelle ? C’est ce que, dans la séance du 15 novembre, M. Pagès (de l’Arriège) fit ressortir d’une manière saisissante. « La France, disent les courtisans, est renommée entre les nations par son amour pour ses princes. L’histoire tient un autre lan-