Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/52

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gage, et la vérité dément la flatterie. C’est par l’assassinat du dernier Valois que le premier Bourbon monte sur le trône. Henri IV meurt, cruellement assassiné. Durant leur minorité, Louis XIII et Louis XIV, chassés par la révolte, trouvent à peine un abri pour cacher leur tête ; le fer se fait jour jusqu’à la poitrine de Louis XV. Louis XVI meurt sur l’échafaud. Louis XVII s’éteint dans les fers. Il y a du sang bourbon dans les fossés de Vincennes, il y en a sur le seuil de l’Opéra. Louis XVIII est proscrit à deux reprises. Charles X a pris trois fois la route de l’exil. Et ce n’est pas dans un pays qui a vu de si près toutes les misères de la royauté, qu’il est permis, sous un gouvernement monarchique, d’ajouter à ce faste d’oppression, et d’inscrire dans les actes du législateur une tyrannie qui ne se trouva point dans la colère du peuple. »

Au discours de M. Pages (de l’Arriège), rempli d’un bout à l’autre de considérations de ce genre, saines et élevées, M. Eusèbe de Salverte ne sut opposer qu’une logique étroite et impitoyable. L’assemblée, néanmoins, paraissait en suspens, lorsque M. de Martignac parut à la tribune. Il portait sur son visage l’empreinte de la mort, dont on croyait déjà le germe dans son sein ; et, en le voyant prêt à défendre son vieux maître exilé, on se rappelait les efforts qu’il avait faits pour prévenir cette chute et cet exil. « Messieurs, dit-il d’une voix affaiblie et pénétrante, le bannissement est dans nos lois une peine infamante prononcée par le juge après mur examen ; et l’on vous propose de la pronon-