Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/54

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Nobles paroles dont M. de Martignac compléta l’effet par cette vive image : « Qu’un de ces proscrits que votre proposition punit, soit conduit en France et qu’il y cherche un asile ; qu’il aille frapper à la porte de l’auteur même de la proposition, que cette porte s’ouvre, que le proscrit se nomme, qu’il entre, et moi je lui réponds d’avance de sa sûreté. »

La question était décidée par d’aussi généreuses raisons de la proposition qui lui était soumise, la chambre écarta toute sanction pénale. Plus conséquente avec elle-même, l’assemble aurait repoussé la proposition, au lieu de la mutiler. Que signifie une loi qui n’est que la déclaration d’un fait ? Mais le ministère se plut à regarder cette déclaration comme une sorte de consécration nouvelle de la dynastie de Louis-Philippe. Ce fut cette considération que M. Guizot fit valoir, et ce fut dans ce sens que la majorité vota. Car les gouvernements sont tous aveugles et vains de la même manière ; tous ils affichent la prétention d’être immortels, comme s’il y avait autre chose qu’une succession de désastres dans la succession des âges, comme s’il n’y avait pas une chute dans tout avènement, et l’idée présente de la mort dans chaque phénomène de la vie. Il s’était cru immortel aussi, ce gouvernement républicain qui avait fait étouffer par le roulement des tambours les paroles suprêmes d’un roi condamné comme le dernier représentant de la royauté en France. Il avait cru, à son tour, sa dynastie immortelle, ce Napoléon qui, pour se survivre, avait fait entrer dans son lit la fille des Césars germani-