Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/55

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ques, orgueil insensé qui l’abaissa et le perdit ! Et la Restauration, n’avait-elle pas écrit sur sa bannière ce mot, éternellement trompeur, de perpétuité, qu’on imprimait aujourd’hui dans le Moniteur de Louis-Philippe ? A deux pas de ce palais où l’on osait parler d’une race à jamais proscrite et d’une autre race à jamais triomphante, s’élevait un palais qui, depuis cinquante ans, n’était qu’une hôtellerie à l’usage des royautés qui arrivent et qui s’en vont. On le savait, n’importe la chambre vota cette flatterie monstrueuse : « La branche aînée des Bourbons est bannie à perpétuité. » Et les rois de prendre cela au sérieux ! L’histoire est pleine de ces exemples.

Dans le cours de la discussion, M. Berryer avait demandé, au nom de l’union des partis, qu’on abrogeât la loi portée en 1816 contre Napoléon et sa famille, bannis aussi à perpétuité. Mais la chambre n’abrogea, de cette loi de 1816, que la sanction pénale qu’y avaient attachée des hommes, proscrits eux-mêmes depuis !

Voilà sous quel jour se montraient les pouvoirs nouveaux. On avait fait une royauté, et on lui retirait son seul appui naturel, une pairie héréditaire ! On avait déclaré cette royauté inviolable, et l’on s’étudiait à la flatter en vouant à l’exécration des siècles à venir l’autre royauté, inviolable aussi ! On plaçait sur la colonne Vendôme la statue de Napoléon, et l’on défendait à la mer de venir jeter sur les plages de France quelque membre errant de la famille de Bonaparte ! On voulait continuer au peuple une éducation monarchique, et,