Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/72

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maison vomit des combattants armés de bâtons, de pelles, de pierres, de fourches ; quelques-uns avaient des fusils. Les plus ardents courent de côté et d’autre en criant : « Aux armes on assassine nos frères ! » Des barricades se forment dans chaque rue, élevées par la main des enfants et des femmes deux pièces de canon appartenant à la garde nationale de la Croix-Rousse sont au pouvoir des insurgés, qui se mettent en marche sur Lyon, précédés par des tambours, et déployant dans les airs un drapeau noir avec ces mots profonds, touchants et sinistres : Vivre en travaillant ou mourir en combattant ! Il était près de onze heures. M. Bouvier-Dumolard s’était rendu à l’Hôtel-de-Ville, situé sur la place des Terreaux, non loin du quartier des Capucins. On y apporte le lieutenant-général Roguet, que ses souffrances empêchaient de marcher. « Général, lui dit le préfet avec véhémence, je vous somme de faire délivrer des cartouches. — Vous n’avez point d’ordres à me donner, répond le comte Roguet, je sais ce que j’ai à faire. »

A onze heures et demie les cartouches furent distribuées, et le préfet parut avec le général Ordonneau à la tête d’une colonne composée de gardes nationaux et de troupes de ligne. Déjà une forte barricade avait été élevée à l’extrémité supérieure de la Grand-Côte. La colonne commandée par le préfet et le général Ordonneau se mit à gravir cette montée, qui est très-rapide et que bordent des maisons occupées toutes par des ouvriers. Tout-à-coup une grèle de tuiles, de pierres et de balles tombe sur la colonne ; le préfet est atteint par un caillou ;