Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/76

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sable sans doute, mais funeste, ils crurent qu’il s’agissait de sauver Lyon du pillage, et ce furent eux qui soutinrent la lutte avec le plus de vigueur et de bravoure. Plusieurs furent blessés, d’autres tués, et, parmi ceux-ci, M. Schirmer, un des plus honorables fabricants de Lyon. Cependant, le mardi, on vit aussi des républicains se ranger du côté des ouvriers. De sorte que des hommes étroitement liés d’opinion et d’amitié se trouvèrent, sans le savoir, ceux-ci dans un camp, ceux-là dans un autre. Malentendus trop fréquents, et qui fournissent à l’histoire des guerres civiles ses plus affreux épisodes !

Le mardi, 22, le lieutenant-général Roguet fit afficher une proclamation, qui avait été imprimée pendant la nuit. Cette proclamation n’eut d’autre effet que d’échauffer davantage les esprits ; elle fut déchirée partout avec insulte. Le tocsin de Saint-Paul sonna comme aux jours des grands désastres ; la générale battit dans tous les quartiers, et l’insurrection recommença.

Le 40e de ligne était arrivé de Trévoux à deux heures de la nuit. On en détacha quelques soldats qui, réunis à deux compagnies du 13e, furent chargés de monter la côte des Carmélites et de s’emparer du plateau de la Croix-Rousse. Mais les ouvriers de la rue Tholosan et des rues adjacentes se portèrent avec fureur à la rencontre de ce détachement, et le forcèrent à mettre bas les armes. Les voies qui conduisent de la Croix-Rousse à Lyon se trouvaient ainsi parfaitement libres : l’immense population des ouvriers en soie se précipite sur la ville