Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/82

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extrême, MM. les généraux reconnaissent unanimement qu’ils essaieraient en vain de continuer la défense de l’Hôtel-de-Ville ;

Que cette défense prolongée aurait les infaillibles résultats de porter les assaillants au dernier degré de l’exaspération et d’exposer les assiégés et la ville entière aux plus déplorables catastrophes ;

Après en avoir mûrement délibéré dans plusieurs séances, reconnaissent à l’unanimité,

Que, pour arrêter l’effusion du sang et prévenir le sac de la ville, le seul parti à prendre, dans cette grave circonstance, est de quitter la position de l’Hôtel-de-Ville, pour en occuper une plus avantageuse en dehors des murs, de manière à conserver des rapports avec les autorités locales ; le conseil émet le vœu, également à l’unanimité, que M. le préfet reste à son poste.

Fait en séance, à l’Hôtel-de-Ville, en double minute.

Signé : Dumolard, comte Roguet, Vicomte Saint-Geniès, Fleury, Duplan, Boisset, Gros, Gauthier. »

On donna donc le signal de la retraite. Le général Roguet, qui était fort souffrant, fut hissé sur son cheval à force de bras. Les troupes qu’il commandait se composaient du 66e et de plusieurs bataillons du 40e et du 13e. Suivaient quelques détachements de la garde nationale, traînant après eux des pièces de canon. Un poste d’ouvriers était établi à la barrière Saint-Clair, sur le chemin des troupes en retraite. En approchant de cette barrière, et au premier sifflement des balles, le général Roguet dit à ceux qui l’accompagnaient : « Voilà que je respire ; l’odeur de la poudre me rend à la vie je suis bien mieux ici que dans les salons de l’Hôtel-de-Ville. » Puis il donna l’ordre d’enfoncer les barricades à coups de canon. La nuit était se-